Présentation des poésies


 

Le cheval et l'âne

En ce monde il se faut l'un l'autre secourir .
Si ton voisin vient à mourir ,
C'est sur toi que le fardeau tombe.
Un âne acccompagnait un cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre baudet si chargé qu'il succombe.
Il pria le cheval de l'aider quelque peu:
Autrement il mourrait devant qu'être à la ville.
La prière , dit-il n'en est pas incivile:
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le cheval refusa,fit une pétarade:
Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu'il avait tort.

Du baudet, en cette aventure,
On lui fit porter la voiture,
Et la peau par-dessus encor.

Jean de la Fontaine

 
 

Le cheval du manège

Il y a un cheval devant
Il y a un cheval derrière .
Et c'est mon cheval cependant

Qui est le premier du manège .
Il est blanc comme la neige

Qui scintille sous la lumière .

Il a dans le flanc trois miroirs
Où je me penche pour me voir.
Et une belle queue en bois
Qui est aussi large que moi.

Il est si vif qu'il sauterait
Du manège si je voulais.

Mais je le tiens d'une main ferme.
Il sait que c'est moi qui gouverne.
Il y a un cheval devant

Il y a un cheval derrière.
Il faut qu'il tourne patiemment
A sa place c'est la première

MAURICE CARÊME

 
 

Complainte du petit cheval blanc

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc ,tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
à travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps,
Un jour qu'il était si sage, il est mort par un éclair blanc,

Tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps,
Qu'il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps,
Ni derrière ni devant.

Paul Fort